Les addictions sans substances : de quoi parle-t-on

On les qualifie aussi d’addictions comportementales car les addictions sans substances correspondent à une dépendance à des comportements et non à des drogues ou des médicaments. Certaines personnes développent en effet un désir compulsif vis-à-vis du sexe, du jeu ou encore de l’alimentation. Ils consacrent à ces activités un temps important jusqu’à abandonner toute autre activité.

Les répercussions néfastes sont multiples : certains perdent leur emploi, leur vie de famille peut en pâtir ainsi que leur vie sociale ou encore leur sommeil. Et une souffrance psychique est souvent attachée à ce comportement problématique. Mais malgré ces conséquences, « ils sont dans la perte de contrôle face à ces comportements », explique le Dr Bruno Rocher, addictologue au CHU de Nantes. Ce qui est caractéristique de toute addiction.

Enfin, en cas d’impossibilité de reproduire le comportement, ils ressentent un réel syndrome de sevrage, se manifestant par des symptômes physiques (tremblements, sueurs, palpitations…) et émotionnels (anxiété, agitation, dépression…).

Qui est concerné ?

Cela dépend des addictions. Les troubles du comportement alimentaire, comme l’anorexie ou la boulimie, touchent majoritairement les jeunes femmes. Tandis que la dépendance aux jeux d’argent et aux jeux vidéo concernent à 95 % les jeunes hommes.

Les causes sont multifactorielles et pas toujours simples à identifier individuellement. Des données génétiques, sociales et environnementales entrent en jeu ainsi que la présence ou non de troubles psychiatriques. Et on peut distinguer deux catégories de patients : « ceux qui fuient la réalité via ces comportements, et ceux qui y trouvent un tel plaisir, un tel intérêt qu’ils en deviennent dépendants », détaille Bruno Rocher.

Comment prendre en charge ces addictions ?

Pour ces addictions spécifiques, « le repérage est souvent tardif car la limite entre le comportement normal et le pathologique n’est pas facile à discerner », poursuit le Dr Rocher. Mais une prise en charge est toujours possible et s’appuie sur le même mécanisme que celui destiné aux addictions avec substances. « Un bilan biologique, psychologique et social est nécessaire », décrit-il. Objectif : déterminer comment le corps et le mental réagissent au comportement compulsif et évaluer à quel point la vie sociale est affectée.

Une fois le bilan établi, la prise en charge doit être adaptée au patient et à l’addiction et peut se baser sur la prise de médicaments, sur des soins psychologiques et une prise en charge de l’entourage notamment.

Source : Association Addictions France – Ameli – interview du Dr Bruno Rocher, psychiatre addictologue au CHU de Nantes

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