Donald Trump, qui n’a jamais reconnu – ni digéré – sa défaite de 2020 face à Joe Biden, a donc pris sa revanche en battant Kamala Harris. Est-ce aussi une revanche des hommes sur les femmes ? De la « masculinité » traditionnelle sur ses critiques féministes ? L’expression d’un « backlash » (« retour de bâton »), selon la formule consacrée depuis l’ouvrage de Susan Faludi, paru en 1991 ?
C’est bien ainsi que, pour beaucoup d’Américains, s’est jouée l’élection. Si Harris n’a pas autant joué la carte « féminine » que Hillary Clinton en 2016, elle a placé la révocation de l’arrêt « Roe vs Wade » au cœur de sa campagne pour souligner le danger qu’une nouvelle présidence Trump représenterait pour les droits des femmes. De fait, entre les insultes sexistes de Trump et la sortie de son colistier J. D. Vance sur les « childless cat ladies », c’est surtout du côté républicain qu’est venue l’offensive – et ce dès la convention nationale du Parti républicain en juillet, ouverte par le discours viriliste du catcheur Hulk Hogan. Entendez : comme lui, Trump est un « battant » ; sous-entendez : il se bat comme un homme, pour les hommes. Ou du moins est-ce ainsi que bien des commentateurs autorisés l’ont entendu, qualifiant le couple Trump-Vance de « ticket testostérone », ou encore présentant l’élection comme un « référendum sur le genre ».
« Les hommes vs les gays et les femmes »
Ce référendum, les hommes l’auraient donc emporté, creusant toujours plus le « political gender divide » (« fracture politique genrée ») relevé par nombre d’études depuis une décennie – les jeunes hommes étant de plus en plus conservateurs, quand les jeunes femmes sont de plus en plus progressistes. Ainsi, 56 % des hommes âgés de 18 à 29 ans ont voté Trump en 2024, quand cette proportion n’était en 2020 que de 41 %.
Sur X, dans l’un de ses premiers commentaires au lendemain de l’élection, Elon Musk s’en est félicité : « La cavalerie est arrivée ; les hommes ont désormais compris les enjeux. » Si la métaphore guerrière n’était pas assez claire, l’influenceur masculiniste (et criminel) Andrew Tate s’est empressé de préciser en réponse : « Ce sont les hommes vs les gays et les femmes. » Symétriquement, nombreux sont les démocrates qui interprètent la défaite de Harris comme une consolidation de ce plafond de verre patriarcal que Hillary Clinton n’avait déjà pas pu briser en 2016.
Mais alors, pourquoi la proportion de jeunes femmes ayant voté pour Harris en 2024 est-elle moindre qu’en 2020 pour Joe Biden (58 % contre 65 %, selon les premières estimations) ? Et pourquoi les jeunes hommes n’ont-ils jamais autant voté pour Trump, alors même que Harris a mené une campagne moins ouvertement « féminine » que Clinton ?
La difficulté des hommes à se définir
En complément de Backlash, c’est un autre livre de Faludi qui peut nous aider à lever ces paradoxes : Stiffed, publié huit ans après. Sous-titré « La trahison de l’homme américain », l’ouvrage fait état d’une difficulté nouvelle ressentie par beaucoup d’hommes – notamment des classes populaires – à se définir en tant qu’hommes face à des changements économiques et culturels qui les dépassent. Depuis, de nombreux travaux – notamment l’essai très remarqué de Richard Reeves paru en 2022 : Of Boys and Men – ont montré le lien entre cette difficulté des hommes à se définir, et des fléaux frappant une part croissante d’entre eux : abandon ou absence d’études, solitude, addictions, suicide…
Entendre cette difficulté, combattre ces fléaux en leur reconnaissant une certaine dimension spécifiquement « masculine », est-ce nécessairement en blâmer les femmes, mettre en péril leurs progrès ? Nombreux sont ceux qui, à l’instar de Reeves, ne le croient pas – tout au contraire : « Nous pouvons faire preuve de passion pour la défense des droits des femmes, et de compassion envers les hommes vulnérables. »
Jouer sur la « fracture politique genrée »
Hélas, la question de la « masculinité » est aujourd’hui si controversée aux États-Unis que ce discours est difficilement audible, et politiquement périlleux – et c’est pourquoi la campagne de Harris ne s’en est pas directement saisie. Plutôt qu’une « bataille des sexes », l’élection n’a-t-elle pas d’abord été le théâtre de ce « malaise masculin » ? Que l’on pense à Tim Waltz, colistier de Harris, censé incarner une masculinité « bienveillante » face à la masculinité « toxique » de Trump : le problème n’est-il pas précisément que cet effort de redéfinition se soit joué autour d’une opposition partisane, comme s’il n’y avait que deux manières d’être un homme : conservatrice ou progressiste – bonne ou mauvaise, selon le camp auquel on appartient ?
De fait, c’est aussi là que se situe le « political gender divide » : selon une étude récente, quand les femmes démocrates et républicaines se disent « féminines » dans des proportions similaires, 54 % des hommes républicains se disent « très masculins », contre 33 % seulement des hommes démocrates.
Trump a profité de cette division, et de l’espace vide laissé par la campagne démocrate. S’adressant directement aux hommes « vulnérables » sur leurs propres réseaux (tel le podcast de Joe Rogan, grande figure de la « manosphère »), il les a ralliés à sa cause en nourrissant leur ressentiment : parmi ses supporteurs, 40 % considèrent que les progrès des femmes se sont accomplis aux dépens des hommes (contre 1/5 de la population totale). Comment les convaincre du contraire sans nourrir leur ressentiment est une question plus pressante que jamais.
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