Le procès des viols de Mazan a repris, ce mardi 1er octobre, en présence de Dominique Pelicot, absent la veille pour raisons médicales. Cette semaine, la cour criminelle du Vaucluse passe en revue les profils psychologiques de sept coaccusés de l’époux de Gisèle Pelicot, droguée et violée pendant dix ans.
Cette dernière est arrivée au tribunal sous les applaudissements, comme chaque jour ou presque depuis le début de ce procès emblématique de la soumission chimique et des violences sexuelles, le 2 septembre dernier. Les audiences doivent se tenir jusqu’au 20 décembre.
51 hommes âgés de 26 à 74 ans, dont Dominique Pelicot, sont jugés lors de ce procès hors normes, la plupart pour viols aggravés, des faits pour lesquels ils encourent 20 ans de réclusion criminelle. Les auditions se poursuivent avec, donc, l’examen des profils de sept accusés, d’abord avec des experts psychologues, ensuite avec des experts psychiatriques.
En attendant que ces sept hommes puissent être interrogés, a priori jeudi, en présence de Dominique Pelicot, la cour a commencé par disséquer leurs personnalités et leurs parcours de vie.
• Simone M., 43 ans, père de 5 enfants
Comme nombre des accusés du procès des viols de Mazan, Simone M. explique avoir rencontré Dominique Pelicot sur le site coco.fr, avant de communiquer avec lui pendant plusieurs semaines et de se rendre au domicile du couple. « Il m’a dicté ce que je devais faire », racontait-il, selon le rapport d’expertise de 2022.
« Il m’a dit de me dépêcher de partir, car il ne l’avait pas assez endormi. Il n’y a pas eu d’acte de pénétration », affirmait l’accusé.
À 43 ans, ce père de 5 enfants est originaire de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Issu d’une fratrie de 4, il raconte les disputes de ses parents. Jeune adulte, il s’installe à Grenoble, puis dans le Vaucluse, où il vivait dans le même quartier que la famille Pelicot.
Devant les experts, il est revenu sur une enfance marquée par des abus sexuels par un ami de la famille. Après avoir servi pendant 10 ans dans l’armée comme chasseur alpin, il n’a pas d’antécédents psychiatriques, mais des addictions à l’alcool et au sexe, selon le rapport d’expertise.
Simone M. est déjà connu de la justice pour avoir été condamné 4 fois pour des infractions au code de la route: refus d’obtempérer, alcool au volant ou encore conduite sans permis.
• Redouan E., 55 ans, infirmier
Aujourd’hui âgé de 55 ans, le second coaccusé dont le profil est examiné cette semaine à la cour criminelle du Vaucluse est Redouan E., originaire du Maroc, infirmier sans antécédent judiciaire.
Selon le rapport d’expertise de 2022, l’homme, consommateur de films pornographiques et qui avait eu une première expérience de libertinage en 2014, affirme ne pas avoir été informé que Gisèle Pelicot était droguée par son époux, mais exprime des regrets.
• Jean T., 52 ans, nie les faits
« Je n’étais pas au courant que j’étais impliqué dans une affaire de viol », affirmait Jean T. dans le rapport d’expertise de 2022. L’homme de 52 ans, ancien couvreur originaire de La Réunion, nie avoir violé Gisèle Pelicot, malgré les vidéos présentées au tribunal. Aux experts, Jean T. affirme avoir été drogué par Dominique Pelicot.
Issu d’une famille nombreuse et précaire, l’accusé n’a pas d’antécédents psychiatriques, mais raconte s’être sevré d’une addiction à l’alcool en 2011. Cette année-là, il découvre le libertinage, les experts le décrivant comme accro au sexe.
• Thierry Po., 61 ans, des vidéos pédopornographiques et zoophiles
Jugé dans l’affaire des viols de Mazan, Thierry Po., 61 ans et ancien maçon, a été mis en examen le 2 novembre 2022 pour détention d’images pédopornographiques. Sur une clé USB avaient été découvertes plus de 650 photos et 400 vidéos pédopornographiques et zoophiles, qu’il détenait pour « se cultiver », a-t-il déclaré à la magistrate en charge du dossier.
Depuis 2022, il suit un parcours de soins psychologiques. Père de plusieurs enfants, il présente, selon les experts, une forme d’expression d’empathie à l’égard de Gisèle Pelicot.
À propos des faits de viols qui lui sont reprochés, il raconte: « Monsieur Pelicot me disait ‘fait ci, fait ça’. Mais ça n’a pas marché. Il y a eu des râles, elle a bougé, pour moi, elle ne dormait pas ».
• Thierry Pa., 54 ans, ex-maçon
Parmi les sept coaccusés de Dominique Pelicot dont le profil est examiné à la cour criminelle du Vaucluse cette semaine, celui de Thierry Pa., 54 ans, ancien maçon. Il avait sombré dans l’alcoolisme après la mort de son fils de 18 ans dans un accident de voiture.
Hospitalisé en psychiatrie à son arrestation, Thierry Pa. assure n’avoir aucun souvenir des faits de viols qui lui sont reprochés. Et donc, ne reconnaît pas les faits.
• Adrien L., déjà condamné pour des faits de viols
À 34 ans, Adrien L. a déjà condamné à 14 ans de prison pour trois précédents viols sur ses concubines en 2023. Issu d’un milieu familial « très stable », il présente lui une « grande fragilité narcissique », selon l’enquêtrice Marianne Douteau, quand une ex-compagne le qualifie de « mythomane » et « jaloux ».
Pour lui, « à partir du moment où le mari était présent, il n’y avait pas viol », avait-il déclaré lors du procès, affirmant s’être rendu chez les Pelicot pour participer à un jeu libertin du couple.
• Jérôme V., 46 ans, six visites chez les Pelicot
Pompier volontaire, titulaire d’un CAP petite enfance et ancien employé d’un magasin d’alimentation, Jérôme V. est l’un des principaux accusés du procès des viols de Mazan, pour s’être rendu six fois au domicile des Pelicot, en 2020.
Victime enfant « de la violence psychologique et verbale » de ses parents, il est « pragmatique et utilitaire dans son rapport aux autres », a expliqué l’enquêtrice de personnalité, Elisa Scheidt.
Passionné « de randonnée et de relations extra-conjugales », il avait une « sexualité frustrée, qui l’a conduit à rechercher satisfaction ailleurs ». Sa compagne avait d’ailleurs indiqué aux enquêteurs qu’elle souffrait de pertes de mémoire, ou d’absence, depuis qu’elle a fait la rencontre de l’accusé. Lui reconnaît six viols sur Gisèle Pelicot.
Article original publié sur BFMTV.com
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