Procès des viols de Mazan : qui sont les huit accusés à la barre cette semaine

Après une semaine de pause, le procès des viols de Mazan reprend ce lundi 4 novembre devant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon. Jusqu’à vendredi, huit hommes vont comparaître pour viol aggravé sur Gisèle Pelicot, que son mari droguait pour la soumettre sexuellement à d’autres hommes qu’il recrutait sur internet.

Saifeddine G., 37 ans

Ce père de trois fils, installé à Carpentras, est allé une fois chez les Pelicot à Mazan, en novembre 2019, et assure qu’il s’agit de sa seule expérience sexuelle avec un couple. Chauffeur-routier de profession, Saifeddine G. a évoqué pendant l’instruction l’impact négatif de cette situation sur la vie intime de son couple. L’expert psychologue a aussi relevé « une dynamique d’addiction au sexe ».

Il a aussi affirmé face aux enquêteurs que Dominique Pelicot ne lui avait pas indiqué que son épouse serait endormie, mais qu’elle ne parlerait pas et ne voudrait pas le regarder. Saifeddine G. assure que s’il avait été averti que Gisèle Pelicot était droguée et inconsciente, il n’y serait pas allé et aurait appelé la police. Dans une lettre adressé à la juge d’instruction, il a présenté ses excuses à la victime pour des faits auxquels il avait participé « malgré lui ».  Il a fait partie des 14 accusés qui reconnaissent les faits de viols aggravés.

Paul G., 31 ans

Originaire de Guinée, Paul G. est arrivé en France à l’adolescence comme mineur isolé. Il est aujourd’hui père d’un enfant avec une femme qui dit s’être séparée de lui après des violences conjugales contre lesquelles elle n’a pas déposé plainte par crainte. L’experte psychologue a dressé le portrait d’un homme « de type borderline, abandonnique, immature et impulsif ».

Habitué du site internet coco.fr, Paul G. n’a que 22 ans quand il se rend chez les Pelicot à Mazan, au printemps 2016. Il a reconnu que Dominique Pelicot l’avait informé que sa femme serait endormie, qu’il avait « déjà fait ça avec beaucoup d’hommes » et qu’elle « ne se rendrait compte de rien ». Paul G. a aussi expliqué aux enquêteurs qu’il n’avait pas réalisé sur le moment la gravité de ses actes, mais qu’il avait ensuite refusé de s’y rendre une deuxième fois et qu’il reconnaissait qu’il s’agissait d’un viol. Il fait lui aussi partie des 14 accusés qui ont affirmé qu’ils reconnaissaient les faits au début du procès.

Omar D., 36 ans

Cet Avignonnais n’a que 29 ans quand il se rend chez les Pelicot à Mazan. Omar D. dit être un habitué du site internet coco.fr et avoir déjà eu recours à des prostitués. Agent d’entretien, il est décrit par l’experte psychologue comme un homme entouré au plan familial, correctement inséré sur le plan professionnel et ne présentant pas d’addiction. Il a eu affaire plusieurs fois à la justice, principalement pour des infractions routières.

Sur coco.fr, fin novembre 2017, Dominique Pelicot lui propose une relation sexuelle avec son épouse mais Omar D. assure qu’il n’est jamais question de soumission chimique. Il ne conteste pas s’être rendu à Mazan mais reporte la responsabilité sur le couple Pelicot, qu’il qualifie de couple libertin. Il estime qu’il ne s’agit pas d’un viol et il a répondu « Non » à l’ouverture du procès quand le président lui a demandé s’il reconnaissait les faits.

Romain V., 63 ans

Célibataire et sans enfant, Romain V. apparaît dans six vidéos de viol différentes dans le disque dur de Dominique Pelicot, où il est désigné comme « Marc de Carpentras ». Il s’est donc rendu à six reprises chez les Pelicot à Mazan entre décembre 2019 et juin 2020, dont une fois en compagnie d’un homme, Joseph C., qui fait aussi partie des accusés, et qui est désigné comme « Patrick de Bedoin ».

Séropositif depuis 2004, Romain V. semble « soit dans la méconnaissance totale des procédés de transmission et des actes de prévention soit dans un déni total de toute dangerosité potentielle », selon l’expert psychiatre. Il a déclaré avoir été victime d’abus sexuels dans son enfant de la part d’un prêtre, ami de ses parents. L’enquêtrice de personnalité a noté chez lui une « construction identitaire douloureuse » liée au fait que Romain V. « serait le fils du grand-père paternel e » et à « un environnement familial extrêmement précaire et violent ».

Confronté aux vidéos, Romain V., reconnaît les rapports sexuels avec Gisèle Pelicot mais conteste la qualification de viol en expliquant avoir été « abusé par Dominique Pelicot » et avoir simplement exécuté ses ordres pour lui faire plaisir. À l’ouverture des départs, il a reconnu « la matérialité mais pas le viol » et a nié le viol en réunion concernant la nuit où il se trouvait à Mazan en même temps que Joseph C.

Ludovick B., 39 ans

Ludovick B. n’est pas jugé pour des faits Mazan mais pour un viol aggravé commis au domicile de la fille du couple Pelicot en région parisienne, entre Noël et le Nouvel an 2019. Dans la journée, il est entré en contact sur le site coco.fr avec Dominique Pelicot, qui lui a proposé un plan à trois avec sa femme. Ludovick B. l’a rejoint le soir-même et assure qu’il avait bien constaté que Gisèle Pelicot dormait mais pensait qu’elle était consentante. À posteriori, il dit avoir compris qu’il s’agissait d’un viol et a présenté ses excuses à la victime.

Père d’une fille et consommateur régulier de cannabis, Ludovick B. qualifie sa sexualité de « débordante ». Il dit avoir subi des attouchements sexuels dans l’enfance de Fabrice Motch, capitaine d’une caserne de pompiers des Yvelines, condamné pour avoir violé des stagiaires mineurs auxquels il faisait ingérer au préalable des somnifères. Pendant l’instruction dans le dossier des viols de Mazan, Ludovick B. a déposé plainte contre Fabrice Motch et s’est dit « psychologiquement très affecté par la situation et le mal qu’il avait pu causer ».

Face à l’expert psychologue, Ludovick B. a déclaré être « une victime collatérale » et qu’il avait été utilisé pour assouvir les fantasmes de Dominique Pelicot. Il a néanmoins recontacté Dominique Pelicot quelques jours après les faits en écrivant « pas possible à nouveau quand vous êtes à nouveau dans le coin ? ». Interrogé sur sa reconnaissance des faits au début de l’audience, Ludovick B. a répondu « Non ».

Cédric G., 50 ans

Employé comme technicien informatique au moment de son interpellation, cet Avignonnais est père d’une fille qu’il ne voit plus depuis la séparation difficile avec la mère. Cédric G. se présente comme bisexuel et explique avoir une addiction au sexe. Lors de son interpellation, il a expliqué se rendre sur le site coco.fr et sur le salon « à son insu » depuis une dizaine d’années.

Cédric G. est allé une fois chez les Pelicot à Mazan, puis il a ensuite demandé à Dominique Pelicot de lui fournir des médicaments pour sa propre compagne. Les deux se sont même rendus près de chez elle mais ont renoncé parce que les lieux n’étaient pas suffisamment discrets. Dans les deux téléphones portables de Cédric G., les enquêteurs ont découvert de très nombreuses photos et vidéos pornographiques mettant en scène les compagnes de Cédric G. et des femmes non identifiées. Interrogées, certaines de ces ex-compagnes ont affirmé que les vidéos avaient été prises à leur insu.

L’expert psychiatre a noté chez lui « de multiples déviances libidinales »  et « une forme d’addiction » au sexe. Cédric G. a subi des viols répétés à l’adolescence par un oncle. Il a expliqué que ces abus avaient « profondément troublé son identité sexuelle et avaient contribué à faire tomber des barrières et à ce que le sexe devienne un refuge lors de périodes difficiles dans sa vie ». Il est actuellement jugé à la fois pour viol aggravé sur Gisèle Pelicot et pour détention d’images à caractères pédopornographiques. Au début du procès, il a reconnu les deux.

Cendric V., 44 ans

Originaire de Sorgues, Cendric V. est père de deux enfants de deux mères différentes et travaille dans un restaurant de Corse quand il est interpellé dans ce dossier. Il indique alors se rendre sur le site coco.fr depuis une dizaine d’années pour faire des rencontres libertines, plus ou moins fréquemment selon s’il est en couple ou non.

Il se rend une première fois à Mazan en 2016. Il se souvient que Dominique Pelicot lui a dit de ne pas faire de bruit pour ne pas la réveiller mais il a avoué « ne pas s’être posé de question sur la réalité de l’état » de Gisèle Pelicot. Confronté à une deuxième vidéo de 2018 dans laquelle on le voit à Mazan, Cendric V. a déclaré ne pas s’en souvenir. Au début du procès, il a répondu « Non » quand le président lui a demandé s’il reconnaissait les faits.

Hassan O., en fuite

L’analyse d’une vidéo intitulée « nuit du 10 02 2019 avec remy » a permis de remonter jusqu’à Hassan O., un homme né à Marseille en 1994. Son casier judiciaire porte trace de 13 condamnations dans les années 2010 pour des violences, des infractions à la législation sur les armes et sur les stupéfiants.

Les enquêteurs sont entrés en contact avec lui en 2021 mais Hassan O. a indiqué se trouver au Maroc et ne pas envisager de revenir sur le territoire national. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt.

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